En France, l’actualité se jouait dans les rues de grandes villes comme Paris, où des manifestants affrontent la police autour de la « loi travail », et du côté du monde du ballon rond, puisque Didier Deschamps dévoilait sa liste de joueurs qui défendront les couleurs du pays à l’Euro 2016.
Ces gros titres semblent complètement dérisoires lorsqu’on baigne dans la bulle cannoise. Il faut vraiment les frasques d’un DSK (logique puisque glamour dans bien des sens) pour détourner l’attention des festivaliers. Car autrement, le quotidien se résume ici à établir un programme quotidien, fait de files d’attente, de rendez-vous plus ou moins professionnels, de consultation de la presse people, de prise de café ou de drogues moins légales, de comparer sa catégorie d’accréditation avec celle du voisin, tout en tentant d’obtenir une invitation pour telle ou telle soirée d’ouverture. Mille et une façons de vivre le festival, mais globalement, le même sentiment : celui de se retrouver happé dans un vortex au rythme infernal qui n’intéresse que celles et ceux qui y sont.
Mais revenons au cinéma. Outre le film de Jodie Foster, et les ouvertures des autres sections (Un Certain Regard, avec Clash de Mohamed Diab, un huis-clos dans un fourgon des forces de l’ordre en Egypte un jour d’émeutes, la Quinzaine des réalisateurs et la Semaine de la critique), on pouvait voir deux films de la compétition officielle : Rester vertical d’Alain Guiraudie et I, Daniel Blake, de Ken Loach. Le premier se regarde comme un melting-pot des grands thèmes et obsessions du cinéma de Guiraudie, honnête, décalé, un tantinet malsain et onirique. Le second est un retour de Loach à ce qu’il fait de mieux : soit le combat perdu d’avance de gens de bien contre le poids du système administratif pour qui ils ne représentent que des chiffres. Deux films qui placent le spectateur qui connait leur cinéma en terrain connu. Mais qui ne lui réservent que peu de surprise, finalement. On l’aura compris, la compétition officielle cannoise se montre pour le moment de bonne facture, mais n’a pas encore procuré de réel frisson.
Moland Fengkov
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