The Bling Ring est un film à mettre en regard avec Spring breakers. Deux films sur l’adolescence américaine, pleine de rêves, inconsciente de sa propre perdition dans le vortex du néant présent, nourrie aux clips de rap et aux rêves distillés par les frasques des stars que relaient les magazines people. Sauf que là où Harmony Korine adopte une forme en parfait accord avec son sujet, tout en superficialité acidulée, tout en fantasmes clipesques, qui touchent au sublime dans des scènes d’anthologie comme celle du karaoké au bord de la piscine ou dans celle où le personnage de James Franco étale sa collection d’accessoires de gangsta, Sofia Coppola ne parvient pas à donner du corps à la vacuité de son histoire.
The Bling Ring tourne complètement à vide. Pendant les 40 premières minutes, on assiste à une série de scènes toutes aussi répétitives les unes que les autres, avec pour seule réplique aux lèvres des actrices un « oh ! My god ! » extatique et tous ses dérivés sémantiques. Un groupe de jeunes pétasses bourgeoises passent leurs soirées à cambrioler des demeures de stars de Los Angeles. Ça s’introduit dans les villas, ça fait son shopping sur place, en se référant aux pages des magazines féminins, ça s’extasie devant les collections de chaussures et de sacs à main de Paris Hilton, de Megan Fox, de Lindsay Lohan, avant de voler une voiture de luxe et d’aller s’envoyer des rails de coke dans le pif et de dépenser le cash en boîte de nuit. Enfin, ça célèbre ces exploits en postant des photos sur Facebook. Jeunesse moderne, saturée d’illusions qui inondent la Toile, MTV et le papier glacé. On comprend bien le portrait de la jeunesse dorée insouciante qui ne mesure la gravité de ses actes, que la réalisatrice veut dresser, mais à l’écran, l’ennui s’installe chez le spectateur quand le plaisir des personnages se satisfait des visites répétées dans les maisons de stars.
Si le film tente d’aborder son sujet, inspiré de faits réels et d’un article de Vanity Fair, de façon légère, voire avec un second degré assumé, grâce notamment aux apparitions furtives à l’écran de Kirsten Dunst et de Paris Hilton dans leur propre rôle, ou encore dans un sublime et effrayant plan d’une famille bourgeoise (le père lisant son journal, la mère préparant du jus de betterave, la fille s’ennuyant sur la table de la cuisine, la bonniche mexicaine s’affairant au-dessus de l’évier et les chiots aboyant bêtement), il s’englue lorsqu’il aborde sa dernière partie, consacrée à l’arrestation des délinquantes friquées, à leur procès expéditif, et surtout, à leur médiatisation. Loin de mesurer la gravité de leurs délits, les filles tentent de tirer profit des projecteurs qui se braquent sur elles. C’eut été sans doute plus habile et plus intéressant d’axer tout le film sous cet angle, mais devoir passer par la superficialité d’une bonne moitié du film pour en arriver à ce constat d’une évidence crasse relève à devoir se taper de la mauvaise soupe pop avant de pouvoir savourer un chef d’œuvre de l’histoire de la musique.
Réalisateur: Sofia Coppola – Acteurs: Emma Watson, Claire Julien, Taissa Farmiga, Katie Chang – Durée: 1:30 – Année: 2013 – Pays: USA
Moland Fengkov
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