La Vénus à la fourrure

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Attention, exercice de  style ! La Vénus à la fourrure, c’est du théâtre filmé, un huis-clos, mais avant tout, la  performance d’un duo d’acteurs, au service du verbe et du geste. Dans un Paris désert et pluvieux (qu’on ne voit qu’au premier plan, un travelling onirique assez laid et de mauvais augure), un théâtre vide : un metteur en scène vient de terminer sa journée d’auditions pour trouver l’interprète de son adaptation de l’œuvre de Sacher Masoch. Dépité devant la nullité de toutes les candidates, éreinté, il s’apprête à partir quand surgit une ultime postulante, vulgaire de la tête aux pieds, jusque dans la gouaille. Insistante, elle le convainc de lui laisser sa chance. De guerre lasse, le dramaturge la laisse monter sur scène et là, stupeur et tremblements ! Roulements de tambours ! La femme s’avère excellente. Force de  propositions, elle a cerné le personnage, elle l’habite, jusqu’à envoûter le juge qui la prenait de haut quelques minutes auparavant.

Et c’est parti pour une heure trente de joute verbeuse au cours de laquelle, bien évidemment, les rapports de force s’inversent, dans une relation sadomasochiste censée proposer une réflexion sur la lutte de pouvoir entre l’homme et la femme. Seulement voilà, quand un film de cet acabit repose essentiellement sur le jeu de ses deux uniques interprètes, on se doit d’exiger d’eux le meilleur, la perfection. Or, Emmanuelle Seigner force le trait dans tous les sens. Aussi peu crédible lorsqu’elle joue les vulgaires poissonnières à la limite de la débilité, elle propose un jeu tout aussi caricatural quand son personnage à l’écran doit devenir intelligent, retors, pervers et manipulateur. En clair, les interprétations à géométrie variable de son personnage ambiguë tombent toujours à côté. Face à elle, Mathieu Amalric, alter-ego de Polanski lui-même, cabotine en pensant faire de l’Amalric, ce qui aurait largement suffi, tant cet acteur sait toucher au sublime habituellement. La pétasse vénéneuse et le lubrique qui sommeille : Polanski berce dans la caricature.

Réalisateur: Roman Polanski – Acteurs: Mathieu Amalric, Emmanuelle Seigner – Durée: 1:33 – Année: 2013 – Pays: France

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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