Le cinéma ne se résume pas à raconter des histoires. C’est avant tout une affaire d’espace, de temps, en somme, de mise en scène. L’Argentin Damian Szifron semble ignorer ces règles fondamentales pour tenter de réaliser une œuvre d’art. Ses nouveaux sauvages se résument en un film à sketches sans lien entre eux, si ce n’est une vague thématique générale de la lutte des classes et de la vengeance. Ou comment des hommes et des femmes plongent dans la barbarie après avoir été confrontés à l’humiliation, la frustration, la provocation, le sentiment d’injustice. Le tout traité sur un ton cynique, parfois à la frontière du burlesque. Mais surtout, avec vulgarité et sans cohérence stylistique ni aucune véritable idée de cinéma.
Si la 1e histoire surprend (des passagers d’un vol se rendent compte qu’ils connaissent tous le commandant de bord, avant que ce dernier n’envoie l’avion s’écraser), si certains rebondissements amusent (le segment le mieux réussi raconte la bataille jusqu’à la mort entre deux automobilistes sur une route déserte), l’ensemble, servi par une absence totale de mise en scène, se réduit en une suite de blagues qu’on raconterait pour amuser l’assistance au baptême du petit.
Alors oui, on rit, un peu, par endroits. Oui, on comprend l’intention louable de dresser, sous couvert de la caricature, un portrait au vitriol de la société argentine, corrompue et empêtrée dans les méandres de la bureaucratie, injuste et partiale, divisée. Mais ces rires se retrouvent vite étouffés par la laideur de l’image, et le message passe difficilement devant l’outrance des pétages de plombs que dépeint chaque tableau. Leur discours sous-jacent disparaît derrière la vacuité de la mise en scène et réduit le film à une série de farces aussi jetables que des blagues carambar.
Réalisateur: Damián Szifron – Acteurs: Ricardo Darín , Oscar Martinez – Durée: 2:02 – Année: 2014 – Pays: Argentine
Moland Fengkov
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