Saint Laurent

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A la sortie de la projection de presse de Saint Laurent au festival de Cannes, d’aucuns ont salué le film comme un chef d’oeuvre. Les mêmes sans doute qui encensaient L’Apollonide lors de la précédente participation de Bertrand Bonello à la compétition, pour mieux se rendre compte, un ou deux ans plus tard, qu’ils l’avaient surestimé. C’est ce qu’on soupçonne à la vision de cette version qui propose de s’attarder sur les années fastes du couturier, ses années de folie, festives, orgiaques. Mais il ne faut surtout pas oublier qu’un film avec Louis Garrel à l’affiche ne peut pas être réussi, l’acteur jouant toujours de la même façon, quel que soit le personnage qu’il incarne. Regard ténébreux, suffisance bourgeoise, dandysme décadent affiché. Dommage, car Gaspard Ulliel s’en sort avec brio dans le rôle titre.

Saint Laurent tient donc surtout grâce à son casting (à quelques erreurs près) qui se donne corps et âme dans la composition des personnages, même si la plupart des acteurs n’effectuent que des passages éclairs pendant lesquels ils tentent de briller à la façon qu’ont les happy few figurant sur une liste d’invités à une soirée mondaine courue de montrer qu’ils en étaient. Qui par un pas de danse bien exécuté, qui par un mot d’esprit bien placé, qui par une tenue que personne ne peut ignorer. Pour le reste, le film ne manque pas d’atouts. D’abord, son esthétique. Bonello, tout comme pour L’Apollonide, aidé d’une chef op talentueuse, sait composer de beaux tableaux, parfaitement éclairés. Les séquences de débauche qui dressent un portrait haut en couleurs du swinging Paris des années 1970 démontrent une maestria solide. Filmée sans détour, cette période de la vie du couturier reste, isolément, la plus séduisante du film. Tout le monde y va de sa plastique alléchante pour envahir ou traverser le cadre, dans un déferlement de couleurs et de musique branchée.

Passé ces séquences, que reste-t-il du film ? Un patchwork disparate d’images creuses qui, assemblées, forment un puzzle indigeste, à grands renforts de flashbacks, qui cache par le truchement du tonnerre m’as-tu vu l’inanité du propos. Au bout du compte, on en a plein les mirettes, mais on s’ennuie.

Réalisateur: Bertrand Bonello – Acteurs: Gaspard Ulliel ,Jérémie Renier , Léa Seydoux – Durée:2:30 – Année: 2014 – Pays: France

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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