69e Festival de Cannes : une sélection alléchante

Passons rapidement sur les habitués, les réalisateurs qui, maîtrisant parfaitement le timing de la production, parviennent à terminer leur film pour récupérer leur place réservée en sélection officielle. Almodovar, Dolan, Assayas, pour ne citer qu’eux. Trois parmi les cinéastes qui courent après le Graal et l’ont caressé de près sans jamais réussir à l’empoigner. La sélection de la compétition officielle du 69e Festival de Cannes compte une majorité d’habitués, pour la plupart déjà primés, voire palmés, comme Loach, les frères Dardenne et Cristian Mungiu. D’ailleurs, le réalisateur roumain se tient en embuscade (tout comme son compatriote Cristi Puiu), en outsider dont il faudra se méfier, derrière les films plus attendus et a priori plus glamour, comme It’s Only The End Of The World de Xavier Dolan, avec Marion Cotillard à l’affiche, Personal shopper d’Olivier Assayas, avec une autre star à l’écran (Kristen Stewart), ou encore The Neon Demon  de Nicolas Winding Refn, qui avait enflammé la Croisette avec Drive (et s’était bien planté ensuite avec Only God forgives).

Quoi qu’il en soit, la sélection se veut éclectique cette année, alignant plusieurs films de genre à l’esthétique forte (Park Chan-Wook, Nicolas Winding Refn), au milieu d’oeuvres sans doute plus convenues, au regard de la filmo de leurs auteurs (Loach, les Dardenne). La compétition s’autorise même une comédie. Délaissant son cinéma rêche et philosophico-mystique, pour la comédie, et fort du succès tant critique que public du Petit Quiquin, Bruno Dumont marque son grand retour en compétition avec une comédie, donc, Ma Loute.

Restent les outsiders plus discrets mais dont les oeuvres marquent durablement les esprits, pourtant, comme Andrea Arnold, Jeff Nichols, Brillante Mendoza ou encore  Asghar Farhadi. Autant dire qu’à l’heure actuelle, le millésime 2016 promet de formidables grands écarts d’univers et laisse les bookmakers dans un infini des possibles. Alléchante, cette édition ? Excitante, même ! Vivement l’ouverture.

Photo : Isabelle Huppert au 68e Festival de Cannes. L’actrice sera à l’affiche d’Elle, de Paul Verhoeven. (c) Moland Fengkov.