La rencontre a eu lieu après le tournage de Only lovers left alive, le précédent film de Jarmusch réalisé à Detroit. L’entretien s’est déroulé en deux temps, on voit donc Iggy Pop tout au long du film tour à tour dans un intérieur intimiste d’une caravane, celle de ses parents, puis dans un décor de manoir gothique. Il raconte son enfance dans la roulotte, mais aussi sa traversée de l’époque, son rapport au public, au corps, à la politique.
Egayé par les images d’archives, le film fourmille d’anecdotes livrées généreusement par le chanteur, souvent drôles, rarement axées sur les zones sombres de l’histoire du groupe. Lorsque les images manquent, Jarmusch fait appel à des extraits de dessins animés, de films de série B, d’émissions TV pour combler, de façon cohérente et amusante les vides. La verve James Osterberg fait le reste du job. Charismatique en diable, critique et intelligent, il séduit son auditoire.
On se régale donc des récits narrés par un Iggy apaisé, mais pour la forme, Jarmusch s’en tient au classicisme du documentaire à l’américaine, sans folie, et c’est dommage, tant son sujet en aurait gagné en énergie furieuse. On peut néanmoins voir dans Gimme danger un pendant de son autre film présenté au même Festival de Cannes, Paterson : dans les deux Jarmusch explore le processus créatif. D’un côté, la fantaisie millimétrée d’un chauffeur de bus poète, de l’autre, la sauvagerie tout aussi poétique d’un animal de scène, aujourd’hui plus sage, un mot qui, si on y réfléchit bien, n’est qu’un raccourci de sauvage. En conférence de presse, un journaliste demandait si Iggy Pop monterait les marches de Cannes torse poil. « Chiche ! » L’Iguane a trouvé le bon compromis : à la séance de minuit, il apparaissait au pied du tapis rouge, torse nu… sous sa veste.
Moland Fengkov
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