Mademoiselle

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Il nous avait régalés avec sa trilogie sur le thème de la vengeance, notamment Old Boy, qui avait failli repartir de la Croisette avec la Palme d’or. Peut-être un film auquel on trouverait quelques rides si on s’aventurait à le visionner aujourd’hui. Par la suite, Park Chan-wook s’était perdu dans des films interminables dont la beauté un tantinet clinquante de la mise en scène sonnait creux au regard des intrigues perdant en cours de route le spectateur. On pense par exemple à Thirst, film de vampires tourné comme une pub pour parfum.

Avec Mademoiselle, on ne peut que constater que le réalisateur n’a pas fait évoluer son cinéma. On retrouve une intrigue alambiquée dans laquelle se tapissent des coups de théâtre attendus, s’étirant en longueur en de longues scènes bavardes, le tout servi par une mise en scène certes méticuleuse dans ses détails, certes maîtrisée dans sa composition de plans et sa photographie, mais tellement artificielle qu’on en reste à une lecture superficielle.

Pourtant, on aperçoit quel grand film Mademoiselle prétend être. Film d’époque, à grands renforts de costumes et de décors, mélangeant les genres, du thriller historique au drame amoureux sulfureux. En clair, une jeune Coréenne va jouer la servante chez une riche Japonaise pour mieux dépouiller celle-ci de sa fortune. Sauf que… Les relations entre le Japon et la Corée, la lutte des classes, l’amour interdit entre deux femmes, etc. Park convoque de grands thèmes aussi pompeux que sa façon de les mettre en image. Les scènes de sexe entre les deux femmes se veulent sensuelles, sans tabou, mais hélas ne dépassent pas le stade de la caricature. En somme, le réalisateur aurait gagné en qualité s’il avait joué avec davantage de sobriété. Certes, sa mise en scène délivre de beaux plans, mais leur vacuité réduit le film à un exercice de style dispendieux et vain. Dommage.

Réalisateur: Park Chan-wook – Acteurs: Kim Min-hie, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo – Durée: 2:25 – Année: 2016 – Pays: Corée du Sud

 

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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