Pour son quatrième film, Jeff Nichols s’assagit et opte pour le classicisme. Exit la mise en scène froide et précise de Take Shelter, les effets spéciaux de Midnight special ou encore la sueur du thriller moite Mud, Loving joue la carte de la simplicité, sans fioriture, sans doute confiant du poids que suffit l’histoire vraie. A commencer par l’intrigue. Ici, rien d’extraordinaire, si ce n’est le racisme ordinaire pour continuer à explorer un de ses thèmes fétiches : la protection de la famille.
Le film raconte la lutte d’un couple mixte luttant dans un état ségrégationniste d’une Amérique des années 50 pour leur droit à s’aimer à la lumière du jour. Porté par un duo d’acteurs très convaincants, Ruth Negga et Joel Edgerton, le film tente de faire confiance à son scénario. La mise en scène se contente alors d’aligner les silences, laissant la caméra s’attarder sur la contemplation des grands espaces et les instants où il ne se passe rien. Un rythme languide donc, comme une forme de respect pour des héros sans gloire, qui ne se montrent jamais comme les porte-drapeaux du combat pour la justice. On saisit assez bien ces choix de mise en scène, mais quel effet sur le spectateur ?
A trop s’attarder sur les petits riens de la vie de ce couple, à trop user des ellipses et des silences, le film semble avancer sans que rien ne surgisse. Même la victoire devant la Cour Suprême devient anecdotique, et au final, Loving se traîne avec ennui. Il y a beaucoup de beauté dans ce film, mais aussi beaucoup trop de vide pour y voir une réussite. C’est d’autant plus dommage qu’on voit bien les écueils que Nichols a voulu éviter en se lançant dans un film à thèse, militant, et sincère.
Réalisateur: Jeff Nichols – Acteurs: Joel Edgerton, Ruth Negga – Durée: 2:04 – Année: 2016 – Pays: Etats-Unis
Moland Fengkov
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