Cannes Recap Mi-Parcous

Ça sent déjà la fin. Après une première moitié poussive, morose, lente, la Quinzaine cannoise se met en branle. Enfin. Au 6e jour, la déprime générale, achevée par les pluies diluviennes, s’étendait à toute la Croisette, sur les Marches, mais aussi sur les écrans. La séance presse de 19h, lundi, n’aura pas aidé le sort réservé par la critique à Like someone in love, d’Abbas Kiarostami : copieusement arrosés dans les files d’attente, les journalistes, transformés en chiens mouillés, ont assisté à la projection dans les pires conditions. Le chef d’œuvre de Cristian Mungiu et l’ode à l’amour de Michael Haneke, les deux seuls films de la compétition ayant su laisser des traces salvatrices sur les rétines, ne parvenaient néanmoins pas à sauver une sélection des plus décevantes. Leurs sujets respectifs n’aidaient pas non plus à draper cette 65e édition de couleurs festives. On attendait le grand frisson, la véritable proposition de cinéma, l’épiphanie.

C’est donc Leos Carax qui nous libère, avec le retour du soleil. On sort de Holy motors groggy, comme après avoir fait plusieurs rêves somnambuliques. Il faut digérer cette célébration du cinéma avec une majuscule, se laisser imprégner de ce voyage entrepris avec mélancolie mais un je-m’en-foutisme d’une réjouissante liberté pour se rendre à l’évidence : déroutant, agaçant, ennuyeux, triste, drôle, beau et laid à la fois, virtuose et bancal, le film nous transporte d’une émotion à l’autre et souffre aisément tous les qualificatifs à son égard. Dans cette 65e édition, il y a un avant et un après Holy motors. A présent, le rythme va s’accélérer, les festivaliers, saturés d’images et de tonifiants en tous genres, la fatigue aidant, vont perdre toute notion du temps et se laisseront inexorablement emporter par le maelstrom d’images qui, gageons-le, ne sauront effacer les fantômes de Carax. Ça sent déjà la fin, mais on devrait presque en rester là.

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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