L’ivresse De L’Argent

ivresse de largentSi on avait aimé The Housemaid, on peut espérer le meilleur de L’ivresse de l’argent, qui prolonge la satire du monde feutré et cruel des nantis de la société coréenne que livre Im Sang-soo. Comme pour mieux coller à son sujet, le réalisateur choisit une mise en scène aussi stylisée et glaciale que l’intérieur d’une maison de la haute bourgeoisie moderne. On navigue ici dans la sophistication formelle : chaque mouvement de caméra se veut élégant, chaque détail de décor se veut éclairé à la perfection, comme dans une pub pour une grande marque de luxe. Tous les compartiments de la mise en scène confinent au kitsch stylisé.

Mais à travers l’histoire du secrétaire d’une riche famille à la tête d’un empire industriel, élément extérieur introduit dans un microcosme sauvage qui se pare des atours du raffinement, Im Sang-soo se laisse griser par l’ivresse, non pas de l’argent du titre de son film, mais par son souci de coller la forme au fond. Ainsi, le discours enfonce des portes ouvertes et s’étire en démonstrations alambiquées qui lorgnent du côté de la caricature. Le principal défaut du film réside dans son absence de nuances et dans une écriture qui peine à retomber sur ses pattes, si bien qu’elle s’étire en longueur dans un exercice d’équilibriste perdu dans un labyrinthe narratif.

En clair, le film se retrouve victime de ses propres armes. A force de vouloir verser dans la démonstration en multipliant les scènes choquantes (oh ! Mon dieu ! Nous assistons au viol du jeune éphèbe par sa vieille patronne qui peut tout se permettre grâce au pouvoir de l’argent !) qui se cachent derrière un humour satirique, à force de forcer le trait, à grands renforts d’éléments grotesques et absurdes dans le portrait qu’il dresse de cette famille richissime déconnectée de la réalité, il se perd en chemin et ne sait pas trop comment conclure l’exposé. La tragicomédie tourne rapidement au ridicule et c’est d’autant plus dommage que le réalisateur confirme pourtant des talents de direction d’acteur indéniables et un sens esthétique assuré.

Réalisateur: Im Sang-soo – Acteurs: Kim Kang-woo, Yun-Shik Baek – Durée: 1:54 – Année: 2012 – Pays: Corée du Sud

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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