La citation du jour revient à Lars Von Trier : “I’m the best director of the world”. On annonçait Antichrist comme l’un des chocs du 62e Festival de Cannes, ou du moins comme l’un de ceux qui diviseraient le plus la Croisette. Au moins sur ce plan, le Danois ne nous a pas déçus. A l’issue de la projo presse d’hier, le parterre de journalistes hésitait entre consternation, colère et tristesse. Une vaste blague, une escroquerie, un grand foutage de gueule jmenfoutiste. A l’instar du Inland Empire de Lynch, le film du petit père Lars se veut si personnel qu’il ne laisse quasiment aucune chance au spectateur d’y pénétrer, l’abandonnant en forêt sans remords. C’est donc tout naturellement sur la défensive qu’il se présente à la conférence de presse. Dès la première question, qui sonne comme une exhortation dans un tribunal, le réalisateur se ferme dans le second degré. A chaque question, il répond par un nouveau trait d’humour.
“Pouvez-vous nous parler des personnages des Trois mendiants que met en scène la fin du film ? J’ai cherché sur google, je nai rien trouvé.” Réponse : “Moi aussi, j’ai effectué des recherches sur Internet, sans succès.” *
Si la presse rejette unanimement le film, force est de saluer l’incroyable performance des acteurs, Willem Dafoe (photo de droite) et Charlotte Gainsbourg. Cette dernière, digne d’une actrice zulawskienne, se met à nue littéralement, pousse son corps dans ses derniers retranchements, le violente à l’extrême. On se devait de questionner le réalisateur sur son travail avec elle, notamment pour une scène de mutilation qui risque de faire date : “Tout est vrai, ironise-t-il. Nous n’avons donc fait qu’une seule prise, pour laquele Charlotte s’est longuement préparée.” On l’aura compris, ce n’est pas à l’issue de cette rencontre furtive qu’on obtiendra des éclaircissements ou des débuts de confidences sur les arcanes de ce cauchemar cinématographique, et on devra se contenter de l’impression que Lars ne s’est pas encore remis de sa dépression.
Charlotte Gainsbourg
Moland Fengkov
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