Il est toujours de bon ton de dresser un premier bilan, quand débute la seconde semaine de festival. Jour pour jour, donc, après l’ouverture de la 66e édition, que reste-il des images emmagasinées sur la rétine ? Le soleil enfin de retour a réussi à envoyer au rayon des mauvais souvenirs les premiers jours de mousson que les festivaliers ont subis, et on a rapidement oublié les gossips sur le vol de bijoux à 1 million d’euros et sur l’illuminé venu perturber le plateau du Grand Journal de Canal+ à grands coups de feu. Sur le grand écran, si la compétition officielle se tenait plutôt bien dès le début des hostilités, on commence à se poser des questions sur la légitimité de Shields of straw de Takashi Miike, film d’action tentant de soulever des questions sur les notions de devoir et d’honneur, qui, malgré de gros moyens, ne parvient pas à faire mieux qu’un téléfilm sur-dynamité. Dans une moindre mesure, on comprend que la présence en lice du premier film américain d’Arnaud Desplechin ne vaut que pour son casting de marque, Benicio Del Toro en tête.
Dans l’ensemble, les habitués, comme Soderbergh ou les frères Coen, livrent des films honnêtes, maîtrisés, mais qui ne relèvent pas le niveau de la compétition. En laissant traîner ses oreilles, il semble que Sorentino se place parmi les favoris avec La Grande Bellezza, entre mélancolie hystérique et dandysme fellinien, tandis que Nicolas Winding Refn et son Only God forgives, que beaucoup attendaient après le coup d’éclat de Drive, deux ans plus tôt, semble irriter plus qu’il ne déçoit.
Pour notre part, les images qui restent appartiennent à deux films projetés en début de festival : Helli (lire notre critique) d’Amat Escalante et Tel père tel fils (lire notre critique) de Kore-Eda. Loin de la violence stylisée, le film du Mexicain livre une beauté sobre mais léchée, tandis que le film du Japonais se place tout en équilibre des émotions et de la construction du récit.
Enfin, parmi les relatives bonnes surprises : l’audace de James Franco (photo : © Moland Fengkov) qui adapte le chef d’oeuvre de William Faulkner, Tandis que j’agonise (As I lay dying), et parmi les déceptions de ne pas les voir en compétition officielle, Les Salauds de Claire Denis, toujours aussi forte dans sa façon de jouer avec le frontal et l’obscur.
Moland Fengkov
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