2e jour du 67e Festival de Cannes, 2e film en compétition officielle. 2e biopic de la sélection officielle. Après le désastreux Grace de Monaco, c’est au tour du peintre William Turner de prendre vie à l’écran, avec cette fois davantage de maîtrise. Aux commandes, le déjà palmé Mike Leigh qui s’attarde en 2h30 sur la fin de la vie du peintre. Mr. Turner, baigné dans une lumière à couper le souffle, restituant à merveille l’ambiance des toiles du maître, dresse le portrait d’un dandy renfrogné aux allures de phacochère grognant constamment pour se protéger d’un monde en pleine mutation (avènement du chemin de fer, apparition des bateaux à vapeur, invention de la photographie), quand il n’humilie pas en public ses rivaux ou ne maltraite pas son ex-épouse, du haut de son indifférence, mais dont on discerne une extrême sensibilité. Sensibilité face aux éléments et aux paysages qu’il peint après s’y être confronté, ou en la compagnie de Mme Booth, une veuve avec qui il passe ses dernières années.
Sérieux prétendant au prix d’interprétation, l’acteur Timothy Spall campe à merveille son personnage, tant dans son intimité quotidienne qu’en société. En revanche, le film aurait sans doute gagné en qualité avec une bonne demi-heure de moins.
Ce deuxième jour de festival était également celui de l’ouverture de la section Un Certain Regard. Si, la veille, Lambert Wilson avait signé un coup d’éclat en invitant Nicole Kidman à danser lors de la cérémonie, les 3 réalisateurs de Party Girl, un 1e film français, ont lancé la sélection officielle bis en grande pompe : sur la scène de la salle Debussy, où sont projetés les films d’UCR, il ne restait guère de place pour toute l’équipe, des 3 réalisateurs (Marie Amachoukeli, Samuel Theis et Claire Burger) aux comédiens, en passant par les assistants cadreurs et monteurs occupant tout l’espace. En grande pompe également à l’écran, avec l’actrice Angélique Litzenburger (non professionnelle, dans son propre rôle, quasiment) qui porte le film sur ses épaules, avec à ses côté tous les autres comédiens. Sublime film à la frontière du documentaire, toujours sur le fil, mais ne basculant jamais dans la caricature, malgré les clichés que les personnages alignent. Party Girl narre l’histoire d’amour entre Angélique, vieille hôtesse de cabaret, et Michel, un de ses clients. C’est aussi l’histoire de l’amour filial. A l’occasion des préparatifs de son mariage avec Michel, elle renoue avec ses enfants, dont le préféré qui vit à Paris et la dernière, que les services sociaux ont placée dans une famille d’accueil. Les scènes familiales sont touchantes et toujours juste, la caméra captant les instants de doute qui traversent le regard d’Angélique. Beau et touchant.
Photo : Mike Leigh à la conférence de presse de Mr. Turner. (c) Moland Fengkov.
Moland Fengkov
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