Ca se précise. Ce matin, Marion Cotillard s’est placée en tête des sérieuses prétendantes au prix d’interprétation, après avoir fait chou blanc avec De rouille et d’os de Jacques Audiard et The Immigrant de James Gray, en 2013. Dans Deux jours, une nuit, des frères Dardenne, elle est de tous les plans, en équilibre, sobre, naturelle, juste. Pas la peine d’adopter un accent polonais ou étranger, d’exhaler son dernier soupir devant un super-héros, ou de se grimer. il suffit de se laisser diriger par d’excellents réalisateurs pour dévoiler tout son talent. Dans le film le plus grand public, le plus accessible à ce jour des frères Dardenne, elle incarne une femme revenant d’une dépression, qui dispose d’un weekend pour convaincre ses collègues de renoncer à leur primer afin qu’elle puisse garder son poste. C’est avant tout l’histoire qui retrouve la force de dire non, qui retrouve sa dignité, après avoir jeté dans la bataille toutes ses forces, une femme qui n’aura rien à regretté. Brillant. Plus que quelques jours pour savoir si ces efforts et ce travail se verront récompensés à leur juste valeur.
Mais l’événement incontournable de la journée, ce n’était ni le film des Dardenne, ni la projection, hors compétition, de
L’Homme qu’on aimait trop, d’André Téchiné, inspiré de l’affaire Maurice Agnolet. C’était sans conteste la venue sur la Croisette de Ryan Gosling, le beau gosse qui présentait son 1e long métrage, Lost River, dans la sélection Un Certain Regard. Un ovni qui a mal digéré l’univers de David Lynch. A la projection officielle, Thierry Frémeaux, qui monte avant chaque séance sur, la scène pour présenter l’équipe du film, avait du mal à attirer l’attention du public. Celui-ci lui tournait le dos, tous les regards vers le beau gosse, qui attendait avec sa délégation au fond de la salle. Un moment glamour auquel assistaient également Nicolas Winding Refn, Willem Dafoe, Wim Wenders et Abel Ferrara. Un événement qui ne sauvera pas le film, hélas, soit, l’histoire d’une famille tentant de survivre dans une ville désertée de ses habitants. A la lisière du fantastique, Lost River fourmille de bonnes idées et ne recule pas devant certaines idées formelles, comme ces lampadaires qui émergent d’un lac, présence d’une ville engloutie. Mais le film souffre hélas de tous les tics d’un premier coup d’essai, avec ses outrances mal maîtrisées et ses influences mal assimilées. Qu’importe, on lui pardonne tout, au beau Ryan, et on attendra son second passage derrière la caméra. Ou pas.
Photos : Ryan Gosling et Marion Cotillard entre les frères Dardenne. (c) Moland Fengkov.
Moland Fengkov
Latest posts by Moland Fengkov (see all)
- Loving - February 15, 2017
- American honey - February 8, 2017
- The Last Face - January 11, 2017
Commentaires