L’acteur Gerard Depardieu pendant la conférence de presse de présentation du film Valley of love de Guillaume Nicloux en compétition au 68e Festival de Cannes le 22 mai 2015. (c) Moland Fengkov.
Bon, autant le dire tout de go. Le palmarès de la 68e édition du Festival de Cannes risque de faire grincer plus d’un dentier. Il ne reste plus qu’un film en compétition à voir (
Macbeth de Justin Kurzel) , demain samedi, aussi peut-on déjà humer l’atmosphère et prendre la température critique. Au vu des commentaires à chaud en sortie de projo, chaque cinéaste ayant présenté un film ces derniers jours remportera la Palme : Jia Zhangke, Sorrentino, Hou Hsiao Hsien, Jacques Audiard, Todd Haynes ou encore Nanni Moretti… Autant de réalisateurs ayant ému une large partie des festivaliers, chacun décernant à son chouchou la Palme d’or… Chez La Plume Noire, comme sans doute chez nombre d’autres spectateurs, on utilise un indice infaillible pour savoir lequel des films nous a le plus marqué. Dans le tourbillon d’images visionnées en 12 jours, il reste toujours un ou deux films qui continuent à nous habiter de manière évidente, quand les autres se perdent dans un mélange confus de souvenirs plus ou moins forts. Cette année, seuls deux films parviennent à rester puissamment présents : outre le chef d’oeuvre hors compétition qu’est
Mad Max : Fury Road de George Miller et la biffle que Gaspar Noé a administrée à la Croisette avec son
Love,
Le Fils de Saul de Laszlo Nemes et
La loi du marché de Stéphane Brizé (le film qui permet à la sélection française de garder la face, au vu des ratages – malgré de belles choses – que sont ceux de Maïwenn, d’Audiard, de Donzelli et de Nicloux) sont les deux films qui s’incrustent de manière durable sur nos rétines : deux oeuvres restant tout du long sur la ligne qu’ils se sont fixé, en terme de mise en scène, deux films respectant du début à la fin le dispositif formel choisi dont les rouages servent avec pertinence l’intrigue, deux films parfaitement équilibrés qui proposent avec génie du cinéma avec un grand C. Le film de Brizé écumant déjà les salles, il s’avère peu probable qu’il remporte la timbale, mais sa présence au palmarès sauverait l’honneur tricolore. Le film hongrois, un premier coup d’essai, sauverait une édition en demie-teinte, un choix radical comme le furent en leur temps les palmes décernées à
Pulp Fiction,
Sailor et Lula ou encore
Sexe, mensonges et vidéo. On l’aura compris, nos deux coups de coeur mis à part, bien malins les Nostradamus qui parviendront à sortir de leur chapeau un pronostic crédible, au vu du nombre de films pouvant prétendre à la Palme. Au mieux, on peut dresser une liste de films pouvant à coup sûr figurer au palmarès. Un palmarès géométrie variable, puisque chaque film passant à côté de la Palme pourra se consoler avec un prix moindre dont il n’aura pas à rougir. Il en va ainsi avec les prix d’interprétation, surtout celui récompensant un acteur, car cette année, ils sont nombreux à avoir impressionné par leur performance. Verdict dans deux jours.
Photo : Gérard Depardieu (qui confond encore, en conférence de presse, Russie et URSS), à l’affiche aux côtés d’Isabelle Huppert de Valley of love de Guillaume Nicloux, oeuvre mystique lorgnant du côté du fantastique, habitée par un fantôme, sur des territoires mythiques que sont les dunes rocailleuses de Death Valley, largement moins bien explorées qu’Antonioni et son Zabriskie Point ou même Dumont et son 29 Palms. Et ce, malgré une belle performance du duo d’acteurs.
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Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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