Cannes 2015, 11e jour : Mad Max Palme d’or !

L'acteur Tom Hardy  a la conference de presse de presentation du film Mad Max Fury Road de George Miller au 68e  Festival de Cannes  le 14 mai 2015.

L’acteur Tom Hardy à la conférence de presse de présentation du film Mad Max Fury Road de George Miller au 68e Festival de Cannes le 14 mai 2015. (c) Moland Fengkov

Comme le titre de ce billet le sous-entend, la folie cinéphilique cannoise  et les soirées soi-disant incontournables ont fini  d’achever les derniers festivaliers passés à l’état avancé de zombies. Tout comme le martèle le slogan de Mad Max Fury Road (critique du film) de George Miller, l’un des temps forts de cette 68e édition du Festival de Cannes, la raison a déserté la Croisette et a emporté le public dans une accélération du temps.  Les dernières projections de presse de 8h30 (celles de Valley of love et de Macbeth) voient les rangs du Théâtre Lumière clairsemés, ça ne se bouscule guère davantage en conférence de presse ou en salle de presse (l’espace informatique aloué exclusivement aux journalistes qui, lorsque le festival a atteint sa vitesse de croisière, ne désemplit pas, les journalistes devant s’inscrire sur une liste d’attente pour accéder à un poste), tandis que les hôtesses des stands Nespresso qui passent 15 jours à distribuer des cafés, carburant indispensable au festivalier ne touchant pas à la drogue que Benicio Del Toro dénonce à la conférence de presse de Sicario (réalisé par Denis Villeneuve) tout en se triturant les narines, ont perdu le sourire sur la base duquel elles ont décroché le job.

Bref, à l’heure des comptes, il est de bon ton de livrer deux palmarès, celui du coeur et celui du jury, qu’on tente de pronostiquer. Selon le coeur et la raison, donc. Un jeu qui relève de la tradition, un exercice imposé auquel on se prête tous les ans avec une once d’excitation matinée de lassitude. Premier constat à dresser cette année. Si les Français n’auront guère brillé en compétition, hormis Stéphane Brizé qui livre avec La loi du marché (critique du film) l’une des propositions de cinéma les plus fortes de la sélection officielle, 2015 restera un honnête millésime. Les valeurs sûres que sont Jia Zhangke et Hou Hsiao Hsien auront donné un second souffle en seconde moitié de festival, tandis que d’autres auront profondément déçu, à l’instar de Gus Van Sant.

cannes2015J11_P (1 of 2)Nous ne reviendrons pas sur nos impressions livrées la veille, puisque Macbeth, de Justin Kurzel n’aura pas changé la donne. Le film jouant la carte de l’esthétisme haut de gamme, à la manière d’un clip promotionnel pour Canalsat, avec force ralentis sur les batailles rangées et des couleurs saturées sur les paysages magnifiques et sauvages de l’Ecosse, puisant ses références chez Valhalla rising de Nicolas Winding Refn ou encore la série cultissime Game of thrones. Mais si Michael Fassbender (photo) et Marion Cotillard (en bonne élève polyglote ayant bien préparé sa partition) font le job, cette adaptation de l’oeuvre de Shakespeare, malgré ses intentions affichées d’en livrer une vision sombre, ne parvient pas à insuffler du corps à sa mise en scène. A force de jouer la carte de l’esbrouffe visuelle, le film obtient l’effet inverse : aucune image forte ne reste en mémoire ni n’accompagne le spectateur à l’extérieur de la salle de projection.

Que reste-t-il donc pour que le jury se déchire ? Autant de films qui peuvent tout autant remporter chacun l’ensemble des prix composant le palmarès. Voici donc le palmarès envisageable :

Palme d’or : Mountains may depart de Jia Zhangke

Grand prix : The Assassin de Hou Hsiao Hsien

Prix du jury : Mia Madre de Nanni Moretti

Prix de la mise en scène : La loi du marché de Stéphane Brizé

Prix du scénario : The Lobster de Yorgos Lanthimos

Prix d’interprétation masculine : Michael Caine dans Youth de Paolo Sorrentino

Prix d’interprétation féminine : Cate Blanchett dans Carol de Todd Haynes

cannes2015J11_P (2 of 2)Mais voici notre palmarès idéal, le palmarès ultime :

Palme d’or : Le fils de Saul (critique du film) de Laszlo Nemes ex-aequo avec Mad Max Fury Road de George Miller. Ce dernier n’est pas en compétition, mais reste l’un des rares films laissant des souvenirs tenaces dans la mémoire volatile du festivalier.

Grand Prix : Mountains may depart de Jia Zhangke ex-aequo avec Love de Gaspar Noé (même cas que celui de Mad Max).

Prix du jury : Mia Madre de Nanni Moretti

Prix de la mise en scène : Sicario de Denis Villeneuve

Prix du scénario : The Lobster de Yorgos Lanthimos

Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon dans La loi du marché de Stéphane Brizé ex-aequo avec Geza Rohrig dans Le fils de Saul de Laszlo Nemes

Prix d’interprétation féminine : Cate Blanchett dans Carol de Todd Haynes ex-aequo avec Charlize Theron dans Mad Max Fury Road de George Miller.

Rendez-vous demain pour commenter le véritable palmarès et crier au scandale, certainement…

Photos : TomHardy, Michael Fassbender et Marion Cotillard. (c) Moland Fengkov.

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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