Captives

captivesC’est dans l’hiver canadien que nous transporte Captives d’Atom Egoyan. Un thriller psychologique glacial par ses décors enneigés comme dans son ambiance quelque peu surannée, où les enjeux dramatiques relèvent moins de la résolution de l’affaire policière (le film raconte le rapt d’une fille et l’enquête pour la retrouver qui piétine pendant 8 ans) que de la déliquescence des liens qui unissent les protagonistes, des parents de la fille enlevée au couple d’enquêteurs, impuissants face au monstre, dont on connaît l’identité dès le 1e plan.

Si Egoyan parvient à installer une ambiance angoissante, ses artifices de mise en scène et surtout de montage ne parviennent pas  à masquer leur incapacité à enrichir ce qui reste une bonne idée initiale. C’est dommage, car le dispositif, froid, reste une trouvaille participant de l’ambiance dérangeante du film. Le prédateur sexuel qui séquestre depuis des années sa victime vit dans une demeure au design moderne, truffée de caméras. Il pousse le sadisme jusqu’à en installer chez la famille de la fille pour que celle-ci observe le désarroi de ses parents, au fil des années. Idée ingénieuse, qui permet au réalisateur de proposer une dissection des rapports humains, des parents qui explosent face au drame, aux policiers dont l’enquête s’enlise dans la neige, en passant par l’évolution psychologique de la captive grandissant dans sa prison dorée. Quant au méchant ogre, son statut de bourgeois high tech le place à l’opposé de l’image que l’inconscient collectif se fait des délinquants sexuels, généralement des beaufs cloîtrés dans leur pavillon de banlieue. Tout ceci se laisse regarder plaisamment comme un petit film qui se veut honnête, mais le malaise réside moins dans l’ambiance hivernale que dans les artifices qui trahissent une plus grande ambition du réalisateur. Passons sur les personnages stéréotypés pour pointer du doigt une intrigue dont le suspense trébuche sur des situations un peu trop tirées par les cheveux. Quant aux choix de montage, effectuant des allers-retours dans le temps, ils ne parviennent pas à cacher le vide que masquait jusque là la bonne idée de départ : identifier d’emblée le vilain pas beau pour mieux observer les comportements des personnages. Le frisson que procure le film vient davantage de la température hivernale que de sa mise en scène. Dommage.

Réalisateur: Atom Egoyan – Acteurs:Kevin Durand, Scott Speedman, Rosario Dawson, Ryan Reynolds, Alexia Fast, Mireille Enos– Durée: 1:52 – Année: 2014 – Pays: Canada

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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