Chronic

chronic affiche 300Le titre du film résume assez bien les intentions de Michel Franco et à la fois son escroquerie. Chronic, donc. Soit, des tranches de vie. Ou plutôt des tranches de fin de vies. Sous forme de chronique, c’est-à-dire en collant au réel, sans effet apparent, avec un regard brut sur le quotidien d’un infirmier en soins palliatifs, accompagnant des malades dans les dernières étapes de leur maladie avant la mort, à domicile. La mise-en-scène se veut froide, tout comme les gestes de l’infirmier, tout comme la distance qu’il semble maintenir entre ses patients et lui, même si peu à peu on comprend qu’il comble là la perte d’un être cher. Sans pudeur, et sous l’ombre du cinéma de l’Autrichien Michael Haneke, Chronic multiplie les scènes dans lesquelles se cache une volonté de choquer le spectateur, sous couvert de réalisme. Devant la merde, le vomi, les érections des malades, les effets voulus tombent à plat. On aurait pu adhérer à l’humanité affichée du personnage de l’infirmier, campé par un Tim Roth apathique, mais on se contente seulement de se demander : à  quoi bon ?

Chronic sent trop le film préfabriqué pour concourir dans les festivals. Tim Roth était président du jury de la section Un Certain Regard du festival de Cannes lorsque Franco vit son film Despues de Lucia primé. A cette occasion, Roth avait manifesté son souhait de travailler avec Franco. Chose faite, donc, avec Chronic. Mais ce n’est pas cette collaboration qui rend le film suspect dans ses intentions, bien entendu. C’est surtout sa volonté d’impressionner par son apparente absence d’effets, ce qui, sur l’ensemble du film, revient justement à user d’un effet. Et le film se trouve finalement réduit à cet effet. On retrouve les thématiques chères au réalisateur qui aime maltraiter physiquement et psychologiquement ses personnages, à l’instar de son modèle autrichien, mais ici, la subtilité et l’intelligence font cruellement défaut et desservent le film. L’agacement et l’ennui ne se manifestent pas pour les bonnes raisons, et c’est d’autant plus dommage qu’avec un sujet tel que l’accompagnement de malades en fin de vie, il y avait de quoi user d’une mise en scène qui jongle autant avec les émotions que l’horreur.

Réalisateur: Michel Franco – Acteurs: Tim Roth, Sarah Sutherland, Robin Bartlett – Durée: 1:33 – Année: 2014 – Pays: Mexique

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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