Footnote

Situé dans le milieu très fermé et peu représenté au cinéma de la recherche talmudique, Footnote ne tire pas sa seule originalité de son sujet. Grinçante, cette satire met en scène la rivalité entre un père ombrageux et son fils, dont l’excellence des travaux suscite reconnaissance et admiration.

Chercheur passionné, dédié corps et âme à l’étude au point d’avoir négligé toute sa vie de communiquer avec sa famille, le patriarche misanthrope n’a, quant à lui, jamais été distingué par ses pairs. Dans la séquence d’ouverture, il assiste en spectateur au discours de remerciement de son fils, mâchoires serrées, sa frustration épinglée au plastron de son orgueil ravalé. Mais c’est sans compter sur l’humiliation plus grande qui l’attend encore au cours d’une soirée dont il s’éclipse pour prendre l’air : il s’en voit maintenant interdire l’entrée. Cette scène délectable qui l’oppose à un vigile retors ” qui ne fait que son travail ” cristallise tous les complexes du personnage. Cet accès qu’on lui refuse, c’est aussi la reconnaissance dont il a toujours secrètement rêvé et qui résiste à la réalité. Jusqu’au jour où le sort semble tourner en sa faveur puisque l’académie entend l’honorer. S’ensuit une série de quiproquos qui conduisent au sacrifice du fils pour satisfaire les pathétiques ambitions paternelles.

Footnote pourrait s’inscrire dans n’importe quel milieu universitaire où la concurrence et les conflits d’ego font rage. On ne peut s’empêcher de faire la transposition tant les situations, que croque avec férocité Cedar, sonnent justes. Cette capacité d’observation compose avec une ironie vacharde. On rit souvent de l’absurdité de la condition de ces chercheurs dont la vie et la raison peuvent basculer pour une note de bas de page.

La mise en scène très cartoonesque de Cedar accentue le caractère délirant de ses personnages dont la vanité amuse. Le cinéaste israélien multiplie les vignettes acidulées, les brusques accélérations, les raccourcis : autant d’afféteries formelles qui s’estompent au fur et à mesure que les enjeux se resserrent autour de la relation père-fils mais qui disqualifient un peu la profondeur de son propos. Reste l’excellent Shlomo Bar-Aba, dans le rôle du patriarche consumé d’ambition, dont les fulminations et le faciès buté donnent à cette comédie caustique toute sa saveur.

Réalisateur: Joseph Cedar – Acteurs: Lior Ashkenazi, Alma Zack – Durée: 1:43 – Année: 2011 – Pays: USA

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Sandrine Marques

Sandrine Marques

Sandrine vit à Paris, est journaliste freelance et écrit passionnément sur le cinéma.
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