Gimme Danger

Affiche de Gimme Danger

Affiche du film Gimme Danger

Au vu des bandes sons éclairées de la plupart de ses films, quoi de plus naturel que de voir Jim Jarmusch consacrer un documentaire à l’un des groupes iconiques de l’histoire du rock’n’roll ? A travers l’image de sa figure de proue, le frontman aux muscles noueux bondissant torse nu sur les planches de la planète : Iggy Pop. Gimme danger retrace donc l’épopée des Stooges à partir d’images d’archives et d’un long entretien avec l’Iguane (voir photos d’Iggy & The Stooges). Une plongée dans la furie des années 60 pendant lesquelles les Stooges posent les bases du punk et du rock alternatif.

La rencontre a eu lieu après le tournage de Only lovers left alive, le précédent film de Jarmusch réalisé à Detroit. L’entretien s’est déroulé en deux temps, on voit donc Iggy Pop tout  au long  du  film tour  à tour  dans un intérieur intimiste d’une caravane, celle de ses parents, puis dans un décor de manoir gothique. Il raconte son enfance dans la roulotte, mais aussi sa traversée de l’époque, son rapport au public, au corps, à la politique.

Egayé par les images d’archives, le film fourmille d’anecdotes livrées généreusement par le chanteur, souvent drôles, rarement axées sur les zones sombres de l’histoire du groupe. Lorsque les  images  manquent, Jarmusch fait appel à des extraits de dessins animés, de films de série B, d’émissions TV pour combler, de façon cohérente et amusante les vides. La verve James Osterberg fait le reste du job. Charismatique en diable, critique et intelligent, il séduit son auditoire.

69e Festival de Cannes : Iggy Pop

69e Festival de Cannes : 9e Jour avec Iggy Pop (c) Moland Fengkov

On se régale donc des récits narrés par un Iggy apaisé, mais pour la forme, Jarmusch s’en tient au classicisme du documentaire à l’américaine, sans folie, et c’est dommage, tant son sujet en aurait gagné en énergie furieuse.  On peut néanmoins voir dans Gimme danger un pendant de son autre film présenté au même Festival de Cannes, Paterson : dans les deux Jarmusch explore le processus créatif. D’un côté, la fantaisie millimétrée d’un chauffeur de bus poète, de l’autre, la sauvagerie tout aussi poétique d’un animal de scène, aujourd’hui plus sage, un mot qui, si on y réfléchit bien, n’est qu’un raccourci de sauvage. En conférence de presse, un journaliste demandait si Iggy Pop monterait les marches de Cannes torse poil. « Chiche ! » L’Iguane a trouvé le bon compromis : à la séance de minuit, il apparaissait au pied du tapis rouge, torse nu… sous sa veste.

Réalisateur: Jim Jarmusch – Acteurs: Iggy Pop, The Stooges – Durée: 1:48 – Année: 2016 – Pays: Etats-Unis
The following two tabs change content below.
Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
Moland Fengkov

Latest posts by Moland Fengkov (see all)