Juste la fin du monde

JusteLaFinDuMondeLouis, un célèbre écrivain, retrouve sa famille qu’il n’a pas vue depuis des années pour lui annoncer sa mort prochaine. Mais rien ne se passe comme prévu, les ressentiments et les rancoeurs comme on peut en voir dans toute réunion de famille refaisant surface pour éclater au grand jour.

Xavier Dolan a toujours divisé. Soit on aime, soit on déteste. Avec ce genre de cinéaste qui assume toujours des partis pris très francs, on ne peut recevoir ses films dans l’indifférence, ce qui relève déjà de la réussite. Juste la fin du monde ne déroge pas à la règle. Si le jeune prodige du cinéma canadien tente à chaque nouvel opus d’explorer de nouvelles formes (on se souvient du cadre à géométrie variable de Mommy), et c’est tout à son honneur, il s’expose, par ces prises de risques, à des ratages complets comme au coup de maître. Ici, c’est la nausée qui prédomine. Adaptée d’une pièce de théâtre de Jean-Luc Lagarce sur le sida, ce huis-clos psychodramatique commence par agacer, puis finit par étouffer, ne laissant jamais le spectateur respirer, et pour ce faire, tous les moyens semblent bons. Gros plans sur les visages, logorrhée ininterrompue des personnages, sur-jeu des acteurs, le tout entrecoupé de quelques plans clipesques sur fond de tubes pop.

Dolan torture un casting quatre étoiles (Nathalie Baye, Vincent Cassel, Gaspar Ulliel, Léa Seydoux, Marion Cotillard) et en fait une ribambelle de caricatures, Vincent Cassel poussant les limites de la vulgarité hystérique, Nathalie Baye celles du désespoir, tandis que Cotillard se réfugie dans les soubresauts du texte, forçant le trait des hésitations de locution de son personnage. C’est du mauvais théâtre filmé, avec des choix de mise en scène chaussés des gros sabots du sur-signifiant. Paradoxe, puisqu’au fond, rien ne se dit à l’écran, tout n’est que vide, on ne retient rien, si ce n’est l’intention de départ : mettre en images la frustration des rapports humains et l’impuissance des personnages à communiquer. Cinq minutes de ce dispositif auraient suffi pour la démonstration. Le subir sur toute la durée du film relève, au mieux, de l’ennui, au pire, du cauchemar. Ratage complet.

 

Réalisateur: Xavier Dolan – Acteurs: Gaspar Ulliel, Nathalie Baye, Marion Cotillard, Vincent Cassel, Léa Seydoux – Durée: 1:39 – Année: 2016 – Pays: Canada

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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