Lars Von Trier à Cannes

Lars Von Trier va mieux, depuis Antichrist et sa dépression. En conférence de presse,  à l’issue de  la projection de  Melancholia au Festival de  Cannes, il se lâchait, en roue libre, ne se privant aucune blague antisémite ou évoquant la réalisation prochaine d’un porno : “il durera plus de 3 heures, voire 4. Ainsi, la  conférence de presse sera programmée plus tard  dans la matinée, je pourrai dormir un peu plus”. Il ne tarissait pas d’éloge sur son film, lui prédisant la Palme d’Or, avant de se demander si ce n’est pas une merde (sic), finalement…

Tout comme Antichrist nous avait été vendu comme un film d’épouvante,Melancholia, sur le papier, c’est un film catastrophe. Mais à la sauce Lars Von Trier, cela donne un sublime film sur deux femmes, deux soeurs, l’une sombrant dans la dépression le soir de ses noces, l’autre  luttant pour rester forte face à la fin du monde annoncée. Une planète s’approche de la Terre. Face à la fin de toute chose, comment vivre ses derniers instants ? Cette question semble bien entendu dérisoire et futile pour le cinéaste danois, qui s’intéresse davantage à l’exploration d’un état d’âme. Visuellement et même thématiquement parlant, Melancholia s’inscrit comme le pendant négatif et sombre du Tree of Life de Terrence Malik. Si ce dernier célèbre la vie, le premier joue la carte du nihilisme. Si Malick se perd dans ses délires graphiques, Lars Von Trier livre des tableaux surréalistes rappelant l’époque pré-raphaélite (l’Ophélia de Milhais apparaît  à l’écran) ou les mises en scène du photographe Gregory Crewdson, le tout s’inscrivant impeccablement dans l’ensemble du récit. Grandiose.

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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