Le client

492727.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxxAprès un passage en France raté (Le Passé, d’une artificialité des plus ennuyeuses), Asghar Farhadi revient sur ses terres iraniennes pour retrouver les recettes qui firent le succès d’Une séparation. Soit une critique de la société à travers un drame social.

Un couple de théâtreux, dont l’immeuble menace de s’effondrer, élisent domicile dans un appartement autrefois occupé par une prostituée. Un soir, la femme y fait la rencontre d’un ancien client. Un traumatisme qui va entraîner le couple dans sa déliquescence jusqu’alors latente. Une métaphore de l’état du pays, un peu grossière sans doute, mais c’est sans compter avec la maîtrise de la mise en scène.

Sans jamais vouloir exprimer ouvertement de jugement, le film cherche avant tout à caresser la vérité cachée sous la honte que véhicule le regard de la société puritaine de l’Iran. Le scénario, certes sur-écrit, permet néanmoins au récit d’avancer par petites touches, chaque détail ou nouveau rebondissement influençant inexorablement les choix des personnages, sans pour autant que le spectateur ou eux-mêmes en soient conscients. Nous ne sommes pas dans le registre du documentaire, puisque le film, qui ausculte les relations humaines partagées entre modernité et tradition sort du cadre de Téhéran pour atteindre une certaine universalité.

Pour autant, Farhadi ne sort pas vraiment de sa zone de confort. Son système filmique et narratif sent le déjà-vu. Certes, il excelle dans la direction d’acteurs et dans sa façon de faire avancer son film, mais certaines ficelles (scène de théâtre comme métaphore de la société) deviennent un peu trop voyantes pour emporter complètement le spectateur. On sort donc du Client avec la certitude d’avoir assisté à un film très bien construit, à l’aise dans sa méthode, campé sur ses propres repères, mais avec la déception de n’y avoir vu aucune prise de risque pour renouveler un cinéma qui se repose sur ses acquis.

 

Réalisateur: Asghar Farhadi – Acteurs: Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti – Durée: 2:03 – Année: 2016 – Pays: Iran

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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