Il était une fois du grand n’importe quoi. En revisitant les contes de Giambattista Basile, Matteo Garrone, dont la filmographie joue toujours la carte de la surprise, passant d’un genre à l’autre sans se reposer sur ses acquis, s’essaie au baroque. Non sans se planter.
Clairement, son Conte des contes entend dynamiter les codes du genre. Ici, la princesse n’attend pas son salut d’un prince valeureux, mais n’hésite pas à égorger elle-même l’affreux ogre qui la séquestre dans sa grotte. Ici, les rois se montrent libidineux, faibles, pathétiques. Ici encore, les sorcières inspirent davantage la pitié que la peur.
Son film commence sous les meilleurs hospices, avec une belle séquence où un roi affronte un monstre marin pour livrer le cœur de la bête à son épouse de reine qui le mangera pour pouvoir enfanter. Garrone filme le tout dans des décors incroyablement somptueux, et offre un bestiaire original. Son film apporte un soin méticuleux aux costumes, à la lumière, et se lance dans une débauche d’effets numériques ambitieux.
Mais c’est justement par excès d’ambition que le film pèche. En voulant mixer trois contes, il se perd dans des intrigues qui partent dans tous les sens sans jamais réussir à retomber sur leurs pattes. Le scénario semble accouché d’une écriture automatique, totalement en roue libre, agrémenté de scènes complètement inutiles. C’est beau, les mouvements de caméra se veulent élégants, les décors démesurés, mais Garrone se regarde un peu trop filmer, témoin cette scène dans un labyrinthe dans lequel la reine poursuit son enfant, longue à souhait. Le film se veut drôle, féérique et gore, mais ne laisse qu’une impression de malaise en perdant le spectateur dans ses références mal digérées, un peu comme si le réalisateur avait lu en diagonale La psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim. Un grand carnaval foutraque servi par de belles images. Non content de ne pas savoir retomber sur ses pattes, le film échoue dans sa conclusion, ne sachant pas comment se terminer, un peu comme si les scénaristes de Lost s’étaient essayé au conte. Raté.
Moland Fengkov
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