Du Walk of fame au Walk of shame, il n’y a qu’un pas, que Maps to the stars de David Cronenberg franchit allègrement. Dans ce monde décadent qui fait autant rêver qu’il repousse, on s’adonne au name dropping dans les soirées où les jeunes stars en devenir s’amusent à bitcher sur leurs confrères, à base de gossips aussi croustillants les uns que les autres. On y voit une actrice vieillissante assise sur la cuvette de ses toilettes flatuler devant son assistante, ou s’essuyer le minou avec son foulard après s’être faite honorée à la hussarde par le chauffeur de sa limousine, on y voit un acteur abattant le chien d’un pote lors d’une soirée arrosée, une immolation au bord de la piscine, un défonçage de crâne à coup de statuette… Autant de détails qui égaient une plongée dans le monde incestueux et consanguin du cinéma américain, cynique et schizophrène, cruel et dégénéré, arrogant et désespéré. Le rire grinçant que déclenche le regard acerbe de Cronenberg sur le royaume de l’illusion et des vanités superficielles se télescope aux saillies de violence les plus trash. Très proche de l’univers des romans de Bret Easton Ellis, Glamorama en tête. Jouissif comme les lumières qui attirent tous ces papillons prêts à s’étriper pour un peu de gloire. Cronenberg réussit son Mullholland Drive en renouvelant son cinéma sans se trahir et en y exploitant ses thèmes favoris : cérébral et charnel, son film sonne comme une farce, dont la chute glace le sang comme le papier des magazines. Ça sonne creux, mais tout n’est qu’apparences et faux semblants.
Le film peut dérouter : sa laideur diaphane place son propos du côté de la diatribe emplie d’humour noir qui en dérangera plus d’un. Ses personnages, tous atroces, monstrueux, vénéneux, ne trouvent aucune grâce auprès du démiurge canadien, qui les utilise pour dynamiter un système grâce à un dispositif qui, une fois mis en place, finit en feux d’artifices qui brûle les yeux comme les ailes. Complètement assumée dans sa forme repoussante, cette œuvre jouissive ne montre aucune tendresse pour le miroir aux alouettes d’Hollywood mais s’amuse joyeusement avec ses pétards à l’idée de les voir exploser une fois les mèches allumées.
Réalisateur: David Cronenberg – Acteurs: Julianne Moore, Robert Pattinson, Mia Wasikowska, Olivia Williams, John Cusack – Durée: 1:52 – Année: 2014 – Pays: Canada
Moland Fengkov
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