Mon roi

monroiMon roi, c’est le film de l’enfant gâtée du cinéma français. Une enfant à qui on laisse les clés de la maison, parce qu’elle a obtenu une bonne note à l’école. Avec l’autorisation tacite de tout saccager. Cette enfant, c’est Maïwenn, qui avait séduit et la critique et le public avec Polisse, Prix du Jury à Cannes et 2 millions et demi d’entrées en salles. Un film qui résonnait avec la société, qui parvenait à mettre tout le monde d’accord, grâce au chœur joyeux de ses interprètes, grâce à son énergie un brin naïve, grâce à sa fraîcheur de ton. La tête boursoufflée de ce succès, l’ego repu de la confiance gagnée, la réalisatrice se permet donc de se lancer dans un drame intimiste en pensant fouler un terrain conquis d’avance. Ô vanité ! Mon roi, ou l’histoire d’une femme se remémorant sa relation sulfureuse avec un pervers narcissique, se réduit à un objet creux que ne parvient pas à remplir l’hystérie ambiante de son propos ni sa forme indigeste à force de tourner en rond.

On ne sauvera du film que l’interprétation jubilatoire de Vincent Cassel, qui campe avec un naturel et un plaisir évidents un beau salaud, jamais avare de vannes qui en mettraient plus d’une dans son pieu ou qu’on aimerait bien avoir comme compagnon de goguette. Excessif dans sa part de séduction, son personnage trouve un équilibre bien dosé dans ses moments de faiblesse. Cassel confère à son personnage une sincérité spontanée totalement absente du reste du film.

Parce que se contenter de raconter une histoire d’amour qui tourne mal ne suffit pas à se trouver du style, et parce qu’il faut mettre en scène la durée de cette relation (une dizaine d’années), Maïwenn ne trouve rien de mieux que placer cette histoire dans des flash-backs aussi répétitifs et ennuyeux les uns que les autres. Blessée au genou, brisée donc, au cas où le spectateur n’aurait pas compris, Tony (Isabelle Bercot, insupportable en femme prise au piège de son amour) se souvient. Les scènes de convalescences, qui tournent en boucle, n’apportant rien d’autre au récit que l’idée de la réflexion et de la guérison, on les subit en attendant le souvenir suivant. Lequel ne fait qu’alimenter un cycle sans fin d’hystérie bourgeoise et branchée dans laquelle se vautrent allégrement les personnages autocentrés, laissant les seconds rôles à la périphérie, comme autant d’accessoires chics et futiles. Deux heures de supplice pendant lesquelles le cinéma se réduit au néant uniquement habité par les cris et les pleurs auxquels on rêve de mettre un terme d’un revers de la main ou d’un coup de balai. Ratage complet, Mon roi n’est rien d’autre qu’un caprice de cinéaste qui se prend pour un auteur et à qui on a fait croire que le talent se mesure au son des cris et de leur répétition.

Réalisateur: Maïwenn – Acteurs: Emmanuelle Bercot, Vincent Cassel, Louis Garrel – Durée: 2:05 – Année: 2015 – Pays: France

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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