Mountains may depart (Au-delà des montagnes)

audelamontagnesFresque ambitieuse qui raconte, à travers un triangle amoureux relativement classique, la société chinoise s’ouvrant au capitalisme, sur une trentaine d’années de récit, Mountains may depart (Au-delà des montagnes) se perd en longueurs et en sur-signifiants qui font de ce film pourtant habité de séquences sublimes, voire cultes, une œuvre mineure mais la plus accessible dans la filmographie de Jia Zhang-ke.

Dans les scènes d’ouverture et de clôture, une femme danse au son des Pet Shop Boys. « Go West », invite la chanson. Emouvantes séquences, filmées avec un sens du cadre mêlant beauté et émotion, lourdes de sens aussi, ces images restent les plus fortes du film, imprimées dans la mémoire du spectateur, là où le reste du film se dilue dans les symboles faciles.

1999 : La Chine ouvre ses portes au capitalisme, donc. Une femme doit choisir entre deux amis qui la courtisent. L’un travaille dans les mines, l’autre se taille une carrière prometteuse pleine des richesses matérialistes de l’occident. Evidemment, elle choisira le meilleur parti, pour son futur fils baptisé… Dollar (sic). On l’aura compris, Jia Zhang-ke entend marteler son discours avec des balises qu’il ne prend même pas la peine de dissimuler. Le regard qu’il porte sur son pays à travers toute son œuvre devient ici artificiel car schématique. Traînant des pieds, sa narration se nimbes de plans et d’une lumière sublimes, mais déroule une démonstration quelque peu convenue : l’argent n’achète pas le bonheur, la Chine plonge ses habitants dans une société à deux vitesses, entre les usines qui ferment et les nantis qui apprennent l’anglais, à tel point que les générations devront communiquer entre elles via les traducteurs de Google, le rapport qu’on entretient avec ses racines finit par se réduire à un simple trousseau de clés, etc.

Ce qui sauve le film, c’est les choix de sa forme. Dans la longue introduction du film (le générique intervient quasiment à la moitié de celui-ci), les sources d’images et de formats se mêlent, entre documentaire, enregistrement du réel donc, et fiction, avant de basculer vers un élargissement du cadre dans la partie du film placée dans le futur. C’est là que la forme et le fond se marient avec pertinence et que le cinéaste fait preuve de savoir-faire. Hélas, la longueur de la fresque ne parvient pas à maintenir le niveau constant, le film oscillant entre sublime et platitudes. Semi ratage qui laisse un goût amer tant l’intention du réalisateur transparaît avec trop d’évidence dans sa démonstration laborieuse

 

Réalisateur: Jian Zhang-ke – Acteurs: Zha Tao, Yi Zhang, Jing Dong Liang – Durée: 2:06 – Année: 2015 – Pays: Chine

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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