Un étrange et désagréable sentiment nous accompagne à la sortie desprojections de plusieurs films en compétition. L’impression d’assisterà des expériences visuelles, froides, détachées, scientifiques. Audétriment de la poésie, ou lui faisant de l’ombre. Bien que maîtrisés,sérieux, et honnêtes (pas tous), certains films nous empêchent deressentir la moindre émotion. Immanquablement, on discerne dans chaqueplan, chaque séquence, chaque scène, les intentions de l’auteur, lemessage caché, la technique employée, du coup, l’analyse filmiqueparasite toute espèce d’émotion, interdit toute surprise, gâche leplaisir. C’est le cas des Dieux et des hommes,de Xavier Beauvois, prêchant des convaincus, intelligent par son propos(parler d’un drame politico-religieux à travers le prisme de laquestion morale : comment aller jusqu’au bout de ses engagementspersonnels), mais aux effets téléphonés (un premier plan montrant uncouloir, métaphore du couloir de la mort, la mort qui attend lesprotagonistes du film, un plan final facile où lesdits protagonistesdisparaissent dans le brouillard), davantage encore que pour Biutiful d’Inarritu (là, c’est surtout la bêtise et la prévisibilité du scénarioqui se cache derrière les prouesses formelles), l’escroquerie de lasélection qui semble avoir séduit plus d’un festivalier caressé dans lesens du poil des bons sentiments.
Heureusement, nous avons assisté ce soir à la projection qui noussauve ! La véritable surprise, la véritable proposition de cinéma, quimanie aussi bien le fond que la forme, il fallait la chercher du côtéd’un premier film, d’un illustre inconnu, l’Ukrainien Sergueï Loznitsaqui nous a servi Mon bonheur, un OVNI parmiles habitués du festival, une sorte de road-movie onirique de toutebeauté, dont le récit ne cesse de bifurquer pour prendre des chemins detraverse, à la rencontre de fantômes du présent et du passé, drôle etabsurde, mais constamment habité par l’ombre de la mort.
Moland Fengkov
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Ayant par le passé trouvé chez vous la seule critique digne – tous médias confondus – d’un film merveilleux (Mulholland drive) j’ai eu le reflex d’aller puiser à la même adresse, espérant trouver la même merveille au sujet d’une autre merveille ; en l’occurrence – je voulais connaitre votre interprétation de « Biutiful » d’Iñaritu ; … et je n’ai trouvé que les balivernes de ci-dessus ; et la question qui me taraude est : « Etes-vous stupides, bouchés, morveux… ? »
Je m’en tape, après tout ; ce magnifique film vous est passé à côté et tant pis pour vous.