The Paperboy

PaperboyLee Daniels avait réalisé un petit coup d’éclat avec Precious, salué par la critique et suivi par le public. En s’attaquant à l’adaptation d’un roman de Peter Dexter que Pedro Almodovar voulait déjà porter à l’écran, il s’offre le luxe de maltraiter ses acteurs en leur offrant des rôles décalés par rapport à leur image. Ainsi, le chouchou des midinettes, Zac Efron, se retrouve en slip tandis que Nicole Kidman, dont la beauté froide sacrifiée sur le billard de la chirurgie esthétique se perd dans la peau d’une nymphomane white trash, se livre à une véritable performance au cours de deux scènes de sexe auréolées d’un parfum de scandale.

Dans The Paperboy, on nage dans la performance. Les acteurs se donnent corps et âme pour rivaliser sur les registres du macabre et du poisseux. Le décor du sud des Etats-Unis les aide dans cette entreprise. Ainsi que l’intrigue : un polar sudiste moite et sale. Mais la mise en scène se montre ingrate face à la générosité des comédiens. Lee Daniels semble ne jamais savoir quel route sa mise en scène doit prendre, et pour quelles raisons, si ce n’est celle de la provocation. Son film ne s’intéresse finalement que peu aux rebondissements de l’enquête et leur préfère une vulgarité pas toujours assumée. Il passe un peu trop d’un genre à l’autre, sans jamais y trouver un équilibre.

Le manque de nuances entre rire et dégoût que les scènes tentent de susciter mine son ambition sulfureuse et au bout du compte, il ne reste qu’un polar raté dont on ne retient, et encore, que les prouesses de ses comédiens. A trop vouloir jouer la carte de la fable licencieuse, en se servant du polar comme genre pour s’affirmer en tant qu’auteur, Lee Daniels oublie l’ingrédient le plus important de la recette d’un bon film : la mise en scène. Mais peut-être est-ce parce que ce réalisateur, un peu trop surestimé, se révèle comme étant incapable d’apporter le tour de main qui fait la différence entre un médiocre faiseur et un génie. The Paperboy n’est finalement que la caricature de son intention. N’est pas Faulkner qui veut.

 

Réalisateur: Lee Daniels – Acteurs: Matthew McConaughey, Zac Efron, Nicole Kidman, John Cusack – Durée: 1:48 – Année: 2012 – Pays: USA

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Moland Fengkov

Moland Fengkov

Moland est le représentant officiel de Plume Noire au festival de Cannes. Outre sa passion du cinéma, il est photographe professionel et journaliste freelance.
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