Woody Allen accompagné par Thierry Frémaux
Cannes, sa Croisette, sa plage (qu’un honnête et sérieux festivalier ne foule jamais du pied, sauf peut-être en soirée, mais c’est pas pareil car on n’y bronze pas), ses têtes connues qu’on salue comme si on les avait quittées la veille. Mais surtout, ses films et les stars qui les accompagnent. Après plusieurs années (plus d’une décennie !) à pratiquer ce festival, on se croit presque chez soi. Et pourtant. Ce premier jour a apporté son lot de (mauvaises) surprises. Deux projections presse, deux conférences : on ne peut pas parler de programme chargé, ce qui reste normal pour un début de festival. C’est donc en toute confiance qu’on se présente aux portes de la salle de conférence de presse, à l’issue de la projection du dernier Woody Allen, présenté hors compétition en ouverture. Et là, ô surprise ! La salle s’avère déjà pleine ! Pas de tsunami, comme l’an passé, sur les rivages cannois, mais un déferlement de journalistes. L’entrée à la salle nous sera refusée par deux fois aujourd’hui, nous ne saurons donc rien des premiers mots du président du jury Robert De Niro. Mais qu’importe, les films priment et votre serviteur ne s’avoue pas vaincu, puisqu’il a réussi à immortaliser celles et ceux qui lui ont échappé.
Deux mots sur le film : Allen filme Paris comme un touriste qui se voudrait esthète et romantique (horribles plans d’ouverture de quelques coins incontournables comme la Tour Eiffel ou l’Arc de Triomphe) et raconte une histoire de nostalgie surréaliste, mettant en scène un alter ego (Owen Wilson) à la rencontre de ses modèles : Hemingway, Fitzgerald, Picasso, Bunuel, Dali… Sauf que si l’un de ses personnages se montre pédant, le réalisateur, lui, se perd dans une représentation d’un Paris plongé dans la naphtaline. Convenue, son histoire de romancier contrarié ne séduit pas et se complaît dans la répétition des scènes où son héros remonte le temps (ou se réfugie dans son Paris fantasmé, celui des années 20). Raté.
Auréolé d’un mini-parfum de scandale, du moins à la lecture de son pitch et de sa troublante bande-annonce, Sleeping Beauty de Julia Leigh avait au moins le mérite de constituer la première curiosité de la compétition officielle. La présence de Jane Campion à la production nous avait déjà mis la puce à l’oreille, puisque le film n’est qu’un pétard mouillé, incapable de susciter la moindre émotion, dans un sens (le malaise) ni dans l’autre (l’excitation).
Moland Fengkov
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